- -ail
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⇒-AIL, suff.Suff. formateur de subst. masc. à partir de bases verbales ou nom. et désignant un outil (ou, plus gén., un objet servant à un usage déterminé) ou ayant une valeur de collectif.A.— Le dér. désigne ou outil, et plus gén., un objet servant à un usage déterminé :attirail (de attirer), subst. masc. « 1. vx, ensemble d'objets nécessaires pour un usage déterminé... 2. fam., équipement compliqué, encombrant ou ridicule »épouvantail (de épouvanter), subst. masc. « objet qu'on met dans les champs, les jardins, les arbres pour effrayer les oiseaux et les empêcher de manger les graines, les fruits »; p. anal. « objet, personne qui inspire de vaines ou d'excessives terreurs »éventail (de éventer), subst. masc. « instrument portatif qu'on agite d'un mouvement de va-et-vient pour produire de la fraîcheur; spéc., cet instrument, formé d'une feuille de tissu, papier, montée sur des branches articulées, qu'on peut déployer ou refermer; ensemble de choses diverses d'une même catégorie (qui peut être augmenté ou diminué comme on ouvre ou ferme un éventail) »gouvernail (lat.
; de
, gouverner) , subst. masc. « 1. plan mince orientable servant à régler la direction, les évolutions d'un navire. 2. p. anal. ou au fig., ce qui sert à diriger, à conduire »
mézail (orig. incertaine), subst. masc. archéol., « armure de tête, visière mobile d'un casque fermé »soupirail (de soupirer), subst. masc. « ouverture pratiquée dans le soubassement d'un rez-de-chaussée pour donner de l'air, du jour aux caves et pièces en sous-sol »ventail (de vent), subst. masc. ou ventaille « archéol., partie de la visière des casques clos par où passait l'air »De même : aspirail (NYROP t. 3 1936, § 154) et en a. fr. afermail (fermoir), afichail (agrafe), afublail (vêtement), alumail (mèche), amorsail (amorce), atachail (attache), bersail (cible), cordail (corde), mirail (miroir), terrail (retranchement de terre) cités par NYROP, loc. cit., et ds LITTRÉ badail, encornail, tampail...Rem. On peut rapprocher de ces mots certains vocables dans lesquels -ail est une finale homophone du suff. :tramail ou trémail, subst. masc. (du b. lat. tremaculum, de tri, trois et macula, maille) « grand filet de pêche formé de trois nappes superposées »travail, subst. masc. (du b. lat. tripalium, de tri, trois, et, pieu) « dispositif servant à immobiliser les grands animaux (chevaux, bœufs) pour pratiquer sur eux certaines opérations »
B.— Le dér. désigne un collectif :bétail, subst. masc. « ensemble des animaux entretenus pour la production agricole »Rem. En a. fr., certains dér. désignent des lieux comme p. ex. cenail « grenier, fenil » (cf. infra cenaculum); le fr. mod. a conservé bercail remplaçant la forme fr. normale bergeail et a accepté foirail, mot du Centre et du Sud, répandu vers 1874.Prononc. :[-aj].Étymol. ET HIST.A.— Étymol. — Du lat. -, très productif dans la formation de dér. désignant princ. des outils.
En lat. :« instrument de divination » (ibid.)
« soupirail, ouverture » (ibid.)
umbr« parasol, ombrelle » (ibid.)
Toutefois, il contribue également à former des dér. de sens très divers. C'est le cas notamment pour :« 1. salle à manger. 2. étage supérieur [où se trouvait la salle à manger], chambres placées à cet étage » (GAFF.)
mir« prodige, merveille, chose extraordinaire » (ibid.)
« 1. ouvrage de défense, retranchement, rempart, fortification. 2. [en gén.] tout moyen de défense » (ibid.)
B.— Vitalité et productivité1. Vitalitéa) En gén., l'analyse des dér. se fait encore aisément en fr. mod., exception faite de qq. mots de sens très techn. : badail, mézail, tampail...poitrail pour a. fr. peitral « partie du harnais couvrant la poitrine du cheval »vitrail pour vitralc) Finales homophones :caravansérail, de l'a. fr. sérail; du turc karwan-serai, empr. au persan« caravane » et
« habitation » (ibid.)
chandail, abrév. pop. de marchand d'ail, « nom donné au tricot porté par les vendeurs de légumes aux Halles, puis adopté par le fabricant Gamart, d'Amiens » (ibid.)corail, du lat. corallium, empr. au gr. korallion (ibid.)sérail, de l'ital. serraglio (avec r double, par attraction de serrare « fermer », serraglio « clôture »), du turco-persan serâï « palais » (ibid.)trenail, de l'angl. treenail « cheville de bois », de tree « arbre » et nail « clou » (ibid.)2. Productivité. — Le suff. -ail productif autrefois ne l'est plus auj. La création la plus récente foirail remonte à 1874, encore ce mot existait-il déjà dans les patois du Centre et du Sud (ibid.).BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 103. — LEW. 1960, p. 52, 159. — THOMAS 1956.-ail❖♦ Suffixe (productif dans le passé) servant à former sur une base verbale des noms désignant un objet utilitaire (éventail, gouvernail) et sur une base nominale des collectifs (bétail).
Encyclopédie Universelle. 2012.